28 novembre 2006

Malo rêve

Malo aime Ys.
Depuis tant et tant d’années,
et Ys ne le sait pas.
Car Malo n’a rien dit, jamais.
Alors Malo rêve.
A Ys la délicate,
Ys du matin calme.
Ys la studieuse, la tenace,
Ys en son palais de livres.
Parisienne, provinciale,
Ys aux fins cheveux noirs,
Ys aux lèvres rouges que Malo n’a jamais effleurées,
Ys aux tout petits seins que Malo n’a jamais caressés,
Ys à la voix si lointaine.
Ys heureuse, sans doute, dans les bras d’un autre.
Et Malo, presque vieux, continue de rêver…

19 novembre 2006

Petit Malo A

Dans le premier message de ce blog, que vous pouvez relire en cliquant ici, Malo écrivait : J’aime j’aime j’aime… les repas à trois avec mes enfants.
So, ladies and gentlemen, let me introduce to you… Petit Malo A. Numéro 2 dans l’ordre de succession, il est donc le petit frère, plus grand cependant que le grand frère, Petit Malo B, qui, bien que suivant A dans l’alphabet, est lui le numéro 1. Get it ?
Petit Malo A aime, entre autres, les bons groupes de rock (et quelques groupes moins bons, mais tout le monde peut se tromper), Titi Henry et Arsène Wenger (Petit Malo A est un homme de goût), les romans de Jacqueline Harpman (aussi La Nuit des Temps de Barjavel et Le Parfum de Süskind), et surtout vivre seul à Bruxelles !
Petit Malo A aime aussi C, mais ça, c’est une autre histoire…
Par contre, Petit Malo A n’aime pas, mais alors pas du tout, les racistes et les fascistes ! Comme je disais plus haut, il est très bien, ce garçon ! Récemment, il s’est aussi fâché avec les coiffeurs, qui pourtant ne sont pas tous fachos.
Petit Malo A vous raconte plein de choses intéressantes, parmi d'autres un peu plus zarbi et quelques chouettes textes de lui, dans son blog. Ah oui, j’oubliais ! Petit Malo A est aussi un spécialiste des voyages en TGV (niveau débutant), de Pro Evolution Soccer (niveau expert) et des fautes d’orthographe (niveau olympique).
Pour conclure, le must de tout blog qui se respecte : la photo ! J’ai longuement cherché, voici la plus ressemblante.
Une photo comme ça, moi, ça me troue le c…, Cartman !
P.S.: Merci à Petit Malo B pour la magnifique photo.

14 novembre 2006

The Wild West (Part III)

Dernier volet de notre survol du genre. Choisir est bien cruel. Je laisse donc de côté quelques grands classiques trop marqués par la propagande d’une certaine Amérique d’après-guerre, tel Le train sifflera trois fois (High Noon, 1952) de Fred Zimmermann. J’oublie aussi à regret quelques chefs-d’œuvre de réalisateurs déjà cités : L’homme des hautes plaines (High Plains Drifter, Clint Eastwood, 1973), histoire d’un vengeur solitaire qui marque le renouveau du western aux USA ; plusieurs John Ford, comme La prisonnière du désert (The Searchers, 1956), modèle de perfection classique dans la maîtrise de l’image ; et L’Homme de l’Ouest (Man from the West, 1958) de Anthony Mann avec Gary Cooper. Enfin, d’autres grands réalisateurs de westerns de légende passent aussi à la trappe : Howard Hawks (Rio Bravo, 1958), ou Raoul Walsh qui de 1915 à 1964, a marqué chaque époque de son empreinte.

Je passe sur la lignée des westerns "écologiques", depuis le précurseur La rivière sans retour (River of No Return, 1954), seul western de Otto Preminger, le premier tourné en cinémascope, réunissant Robert Mitchum et Marilyn Monroe, jusqu’à Danse avec les loups (Dance with Wolves, 1990) de Kevin Costner en passant par le film culte de l’ère hippie : Jeremiah Johnson de Sidney Pollack avec Robert Redford (1972).

Et je m’arrête sur Dead Man, un conte philosophique tourné en noir et blanc en 1995 par Jim Jarmusch, avec Johnny Depp. Un voyage mystique intense, à rebours des conventions du western, opaque et étrangement charnel, soutenu par la musique étrange de Neil Young.

Enfin, le plus grand de tous : Les Cheyennes (Cheyenne Autumn, 1964). Dans ce film testament rédemptoire après une carrière consacrée à la célébration de l’Amérique des pionniers, John Ford opère un renversement de point de vue qui rend enfin sa dignité à la nation indienne. Libéré de toute contrainte commerciale ou idéologique, conscient d’être arrivé à la fin de sa vie, il démontre une dernière fois toute l’étendue de son savoir-faire, usant à la perfection du format cinémascope.

10 novembre 2006

Lisbonne

Douze années.
Douze années ont passé, pourtant j’ai toujours au creux de l’oreille les cris et les bruits qui montaient des ruelles de l’Alfama vers la terrasse de la Pension des Voyageurs : les jeux des enfants, leur mères qui les appellent, les transistors qui crachotent un match du Benfica.
Et la brume aussi. J’ai gardé au fond des yeux la brume de chaleur et de gasoil que l’on voyait flotter sur le Tage depuis la fenêtre de notre chambre. Pensao dos Viajantes. L’heure de la sieste. Contre ta peau cuivrée, le tissu léger du moustiquaire dont mes doigts ont conservé le souvenir.
Douze années ont passé, et chaque fois que je prends un café à une terrasse de bistrot, c’est là que mes pensées reviennent : la terrasse, la chambre, le lit de la Pension des Voyageurs. L’odeur du café fort qui nous tirait de la sieste.
Douze années.
Et toujours au bout de la langue ce petit goût de sel marin que j’étais allé cueillir aux plis de ton sexe rouge.
Paris, Venise, Vérone… ? Non !
Pour aimer une femme, il n’y a que Lisbonne.

03 novembre 2006

The Wild West (Part II)

Poursuivons notre petit tour d’horizon de l’histoire du western américain, avec trois nouveaux titres que je vous recommande chaudement.

Sommet du genre classique, L’Homme de la plaine (The Man from Laramie, 1955) de Anthony Mann, avec James Stewart. Dès l’éblouissante séquence d’ouverture, le spectateur pressent qu’il a affaire à une œuvre d’exception. Happé par la maestria du réalisateur et la densité psychologique du récit qui transforme une banale histoire de règlement de compte en drame shakespearien, il ne pourra se défaire de la tension qui porte le film de bout en bout.

Dernier porte-drapeau de la tradition, Sam Peckinpah signe avec La horde sauvage (The Wild Bunch, 1969) l’arrêt de mort du western hollywoodien. En pleine guerre du Vietnam, il use du prisme du seul genre cinématographique spécifiquement américain pour exposer implacablement les contradictions d’une nation construite par la violence. Ses héros ne sont plus que des brutes sanguinaires ; les tueries magnifiquement chorégraphiées indignent la critique et le public dans une société en crise. Il faudra attendre plus de vingt ans pour voir Peckinpah et ses films reconnus à leur juste valeur.
Parmi les « faux » westerns, mention spéciale pour Lone Star (1995), drame policier de John Sayles. Dans une ville du Texas multiculturelle mais rongée par le racisme, un shérif enquêtant sur la mort d'un policier se trouve confronté à son propre passé. Maîtrisant la construction d’un récit qui recycle à la perfection toutes les conventions et l’imagerie du western, Sayles offre une tragédie américaine contemporaine complexe, entrouvrant in fine la porte de la rédemption. Un tout grand film !

Enfin, comme vous le lirez, ma sélection ne reprend aucun film réalisé dans les années 60-70 en Italie, Espagne ou Allemagne alors que le western américain était moribond. Parmi ces productions européennes, seules quelques œuvres méritent d’être retenues pour avoir radicalisé le genre parfois jusqu’à l’épure, au premier rang desquelles figure la célèbre trilogie de Sergio Leone, qui consacra le talent de compositeur de Ennio Morricone et relança la carrière de Clint Eastwood. Grazie mille, Sergio !