13 décembre 2007

Una voce poco fa

C'est une maison ancienne au coeur de la ville.
C'est une pièce neuve et blanche ouvrant sur le jardin.
C'est midi, c'est l'hiver, les hautes fenêtres voilées tamisent la lumière du jour, quelques nus féminins de maîtres romantiques sommeillent aux cimaises. Sur les chaises éparses, des visages figés dans l'attente se tournent vers une femme jeune, vingt ans à peine, frêle, debout à quelques pas du piano, comme en équilibre sur ses jambes maigres et pâles.
Le piano suspend quelques notes, puis vient le souffle. Verdi.
Deh, pietoso, oh Addolorata,
China il guardo al mio dolore.

Le menton haut, l'oeil conquérant, le petit bout de femme emplit la pièce de sa voix claire et forte, pure et plaintive, et nous enveloppe dans sa lumière jusqu'à s'accorder à la vibration de nos âmes.
Oh mère de douleur, penche avec compassion ton regard sur mes peines.
Tant de beauté peut-elle être de ce monde ?


Antoine Wiertz. La belle Rosine, 1847.
Musée Wiertz, Bruxelles.


Le peintre donne à la jeune fille les traits de Maria Malibran, dont l'interprétation du rôle de Rosine dans le Barbier de Séville de Rossini marqua durablement son époque.
Una voce poco fa…