28 septembre 2007

Qui d'autre ?

Au début de sa carrière, ne sachant trop dans quelle case l'enfermer, le petit monde du music business parisien qualifiait Jean-Louis Murat de poète maudit des temps modernes ou de Baudelaire de la chanson française. Les pisse-vinaigre de tous poils le rangeaient parmi les auteurs-compositeurs-interprètes hermétiques et marginaux ne méritant rien de plus qu’un vague succès d'estime. Ils n'étaient en cela que les indignes héritiers des bourgeois bien-pensants du XIXe siècle qui avaient banni Les fleurs du mal des vitrines des libraires.
Or, pour qui a pris la peine de lire Baudelaire, pour qui veut encore prendre la peine d'écouter - vraiment écouter - les chansons de Murat, il était écrit que ces deux-là se croiseraient un jour.
Déjà en 1996, sur l'incandescent album Dolorès, Murat avait sublimé Réversibilité.
Et voici que sort un nouvel album : des textes de Baudelaire, mis en musique par Léo Ferré, aujourd’hui arrangés et interprétés par Murat. Il s’agit là du troisième volet jamais publié des adaptations par Ferré des Fleurs du mal (les deux premiers datent de 1957 et 1967), célébrant le 150e anniversaire de la parution du recueil.
Héritier spirituel de Ferré dont il partage l’écriture poétique et le refus des normes imposées par le marché du disque, Murat démontre une déroutante proximité avec le chant syncopé du grand Léo (surtout dans La cloche fêlée) et impose l’évidence d’une filiation artistique, mieux encore, d’une lignée créatrice l’unissant à Charles et Léo par-delà les époques. Fidèle et moderne à la fois, Murat laisse entendre un Baudelaire jusque là inouï, au sens littéral du terme.
Mais le miracle est ailleurs : les vers de Baudelaire se fondent dans l'univers vocal et musical de Murat à un point de perfection tel qu’on pourrait les croire jaillis de sa plume, tant leur écriture est proche. Qui pourrait dire, s’il ne le savait déjà, que Madrigal triste ou L’examen de minuit ne sont pas de Murat ?

Et ce n'est pas là le moindre paradoxe de cet album, où Murat relève pour la première fois le défi périlleux de n’être qu’interprète, que de nous inviter à écouter d’une oreille neuve ses albums précédents, de redécouvrir la minutie de son écriture, l'envoûtante fluidité de sa musique, la lancinante pureté de sa voix, et par-dessus tout, sa sensualité irradiante, exempte de la moindre vulgarité, une sensualité que l’on retrouve – souci du moindre détail – jusque dans la voix de ses choristes ou la beauté sans fard des femmes de ses clips vidéo.

Dans un univers musical presque exclusivement dominé par les musiques urbaines, il est bon que Murat le montagnard, Murat le campagnard, Murat le maquisard vienne et revienne apaiser l’âme des amoureux des grands espaces naturels et des grands espaces intérieurs, des passions et des douleurs intenses, l’âme des derniers baudelairiens.

20 septembre 2007

En vert et bleu

Demain soir, à Saint-Denis,
Ireland's Call vs Marseillaise, French flair vs fighting spirit.
Le coeur à moitié vert,
le coeur à moitié bleu,
Malo attend le verdict.

Une victoire pour la gloire, peut-être. Pour l'honneur, sûrement. L'honneur de porter haut et fier l'étendard de la tradition ovale du vieux continent dans les rudes combats à venir contre les hordes affamées de l'hémisphère sud.
Allez les bleus ! Come on, Ireland !