03 novembre 2006

The Wild West (Part II)

Poursuivons notre petit tour d’horizon de l’histoire du western américain, avec trois nouveaux titres que je vous recommande chaudement.

Sommet du genre classique, L’Homme de la plaine (The Man from Laramie, 1955) de Anthony Mann, avec James Stewart. Dès l’éblouissante séquence d’ouverture, le spectateur pressent qu’il a affaire à une œuvre d’exception. Happé par la maestria du réalisateur et la densité psychologique du récit qui transforme une banale histoire de règlement de compte en drame shakespearien, il ne pourra se défaire de la tension qui porte le film de bout en bout.

Dernier porte-drapeau de la tradition, Sam Peckinpah signe avec La horde sauvage (The Wild Bunch, 1969) l’arrêt de mort du western hollywoodien. En pleine guerre du Vietnam, il use du prisme du seul genre cinématographique spécifiquement américain pour exposer implacablement les contradictions d’une nation construite par la violence. Ses héros ne sont plus que des brutes sanguinaires ; les tueries magnifiquement chorégraphiées indignent la critique et le public dans une société en crise. Il faudra attendre plus de vingt ans pour voir Peckinpah et ses films reconnus à leur juste valeur.
Parmi les « faux » westerns, mention spéciale pour Lone Star (1995), drame policier de John Sayles. Dans une ville du Texas multiculturelle mais rongée par le racisme, un shérif enquêtant sur la mort d'un policier se trouve confronté à son propre passé. Maîtrisant la construction d’un récit qui recycle à la perfection toutes les conventions et l’imagerie du western, Sayles offre une tragédie américaine contemporaine complexe, entrouvrant in fine la porte de la rédemption. Un tout grand film !

Enfin, comme vous le lirez, ma sélection ne reprend aucun film réalisé dans les années 60-70 en Italie, Espagne ou Allemagne alors que le western américain était moribond. Parmi ces productions européennes, seules quelques œuvres méritent d’être retenues pour avoir radicalisé le genre parfois jusqu’à l’épure, au premier rang desquelles figure la célèbre trilogie de Sergio Leone, qui consacra le talent de compositeur de Ennio Morricone et relança la carrière de Clint Eastwood. Grazie mille, Sergio !