Nouvelle édition augmentéeUn jour je partirai en grande vacance, je glisserai paisiblement dans l’infini sommeil, je redeviendrai poussière dispersée par les vents. Et pour épargner à mes proches le supplice d’entendre une vague musique de circonstance accompagner mon grand départ, j’ai décidé de tout prévoir moi-même.
Je serai donc le seul DJ officiel de mes funérailles.
Il faudrait des jours et des nuits pour faire entendre toutes les musiques que j’aime. Mais le temps des vivants est compté.
Alors, j’ai choisi, tranché, sélectionné...
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En guise d’intro,
Déjà deux siècles sur l’album
Cheyenne Autumn de Jean-Louis Murat.
Dans ses jeunes années, Chet Baker chantait
The Thrill Is Gone.
La plus belle mélodie que je connaisse, c’est
Astrakan Café par le trio de Anouar Brahem.
Away ‘aul away est un chant de marins voguant vers le grand large. Oh oui ! Le grand large…
Et puis une île. Peut-on rêver mieux que de trouver enfin
Peace of Iona des Waterboys ?
Ou de
Se mettre aux anges avec Murat encore ?
Magie des doigts sur les cordes... Sur leur miraculeux album
Talking Timbuktu, Ali Farka Toure et Ry Cooder prouvent que le blues est enfant d’Afrique ; le morceau s’appelle
Ai Du.
Quel bonheur de s’en aller
Over the Rainbow avec Bim Sherman !
Et y revoir les visages des
Passantes chantées par Brassens.
Dans
Le Regard d’Ulysse de Théo Angelopoulos, il y a cette scène envoûtante où une statue de Lénine en pièces détachées descend le Danube sur une musique d’Eleni Karaindrou intitulée
The River.
Je passerai la main dans tes cheveux, sur ton visage, puis je passerai la main, c’est joli comme formule, c'est Art Mengo.
Paris, début du XXe siècle : Erik Satie composait la
Gnossienne n°1.
Dans son magnifique album testament, Johnny Cash transcende
The Mercy Seat de Nick Cave and the Bad Seeds.
Apothéose de la chanson française, la
Supplique pour être enterré sur la plage de Sète de Georges Brassens.
Today is grey skies, tomorrow is tears, we’ll have to wait till yesterday is here. J’aurais tant aimé écrire ça... Tom Waits l’a fait.
L’au-delà est fille de la pensée chante en wolof l’immense El Hadj N’Diaye ; juste une guitare et une voix pour
Assaaman, extrait de
Xel, album d’une absolue perfection.
Qui se souvient de Bill Deraime chantant l’apocalypse en noir et blues dans
Tout le monde a gagné ?
Ne plus jamais entendre Landsdowne Road chanter
Ireland’s Call, voila qui va vraiment me manquer.
Si je devais n’en choisir qu’une…
The Pan Within de Mike Scott and the Waterboys, qui m’accompagne depuis tant et tant d’années.
Enfin, comme il se doit, Madredeus et
Ainda, dernières images de Wim Wenders, de Lisbonne et de tout le reste.
Voilà, je m’aperçois qu’il manque encore des tas de gens que j’aime, surtout des jazzmen, mais aussi Maria Callas, Leonard Cohen, l’une ou l’autre
rebel song irlandaise, un vrai tango…
Allez, je continue d’y penser et je fais mon possible pour ne pas défuncter tout de suite.