28 mai 2007

Nuit d'orage à la rue Dansaert

C’était l’heure bleue dans ce bistrot.
Dans le brouhaha cosmopolite des rues branchées d’une capitale européenne un samedi soir, dans le mélange des langues et des accents, entre le vin, la bière et les accords d’un trio de jazz, c’était l’heure des questions sans réponse, des grands éclats de rire, des affirmations catégoriques auxquelles on n’est pas vraiment certain de croire, des confidences à cœur ouvert.
Il fut question de l’ambiguïté des sentiments, des barrières qui protègent et de celles qui parfois emprisonnent et qu’on n’ose pourtant pas faire tomber d’un coup de folie salvateur, de la beauté dont on doute, des regards qui ne se croisent pas, des chagrins qui nous hantent et du grand amour qui toujours se fait attendre.
Et puis éclata l’orage, brutal et rageur. La pluie battante transforma le caniveau en un furieux ruisseau de montagne, la chaussée en un lac tumultueux, semant la panique dans la fourmilière des fêtards, des touristes en troupeau et des couples en goguette.
Assis à quelques centimètres en bordure du déluge, et comme miraculeusement abrités par la fine toiture de verre qui recouvre la terrasse, nous ne reçûmes de toute cette pluie que quelques éclaboussures dans le coin des yeux.