06 mai 2007

Conquistador

En souvenir d'une femme trop empressée









Il est deux façons de conquérir Machu Picchu.
L’une est de se rendre dans la ville la plus proche, y trouver les bureaux de la compagnie américaine où pour une poignée de billets verts on peut louer un hélico et son pilote. On se fait déposer au cœur des ruines de la cité inca, on en fait le tour en une après-midi, on prend quelques photos que l’on montrera fièrement à la famille et aux amis de retour au pays, et on remonte dans l’hélico.
L’autre est de se rendre dans la ville la plus proche, y trouver le vieil indien qui acceptera de guider un étranger vers le Temple du Soleil, partir avec lui au gré des chemins de terre qui sillonnent la plaine, se frayer à la machette une piste à travers des bandes de jungle étouffante, franchir des torrents sauvages au prix de détours de plusieurs jours, reprendre des forces dans quelque village isolé au pied de la cordillère, voir les yeux des enfants briller du souvenir de l’eldorado perdu, puis affronter le froid et la rocaille des sentiers andins jusqu’à découvrir la ville sacrée à l’heure où la brume du matin se déchire sous les premiers feux du soleil.
Toujours je préférerai la seconde voie, même au risque d’arriver trop tard et de trouver la place déjà occupée par d’autres, même au risque de ne pas arriver du tout.
Car, si de la conquête on enlève la quête, il ne reste que…