27 avril 2007

Summertime

Un à un, les bistrots ont installé leur terrasse. S’asseoir. S’asseoir devant une bière bien fraîche, dans le bruit indistinct des moteurs, des gens, de la ville. Au vent d’avril qui fait flotter les cheveux de la femme à l’autre table, sous la caresse d’un soleil encore bas, laisser glisser son regard sur le fleuve, les robes à fleurs, les glaces à la vanille dans les mains des enfants, et rêver. Rêver que l’on est beau, rêver que l’on est jeune, rêver que l’on est riche. Oh ! Sans vraiment trop y croire, non. Juste rêver, lucide et serein. Pour oublier cette vie, triste chapelet de blessures jamais cicatrisées et d’amours qui ne furent qu’embryons étouffés par les doigts noirs du temps, pour effacer ces nuits perdues à chercher du secours dans l’éden provisoire de vagues érections, pour ne plus voir nos rides et tous nos cheveux blancs. Juste rêver.