25 juillet 2006

Jazz !

Le jazz, c’est la nuit, sous les spotlights, une goutte de sueur qui perle au front, glisse lentement entre les yeux, puis le long de l’arête du nez, et vient déposer sur les lèvres sa tiédeur salée.

Douce soirée d’été. Chaude même, comme on en connaît trop peu sous nos latitudes. Dans la quiétude du parc de l’abbaye on avait monté un petit podium et il y avait du jazz. Quatre grosses pointures du jazz d’Europe réunies pour l’occasion : orgue hammond, trompette et flugelhorn, saxophone, drums. Belle affiche.
Je l’avoue, l’orgue hammond n’est pas mon instrument préféré et le jazz rock ne m’a jamais vraiment ému. Donc, si j’y suis allé, c’était plutôt pour sortir, voir des gens, profiter de l’été. Pour l’ambiance jazz aussi, avec le bar ouvert pendant le concert, les « yeah » approbateurs du public et les applaudissements qui saluent chaque solo.
Et puis, comme à chaque fois dans un concert de jazz, il y eut ce moment où tout s’éclaire.
Je ne suis pas musicien. Je ne fais pas la différence entre un ré et un la, une partition me semble aussi lisible qu’un haïku en version originale et je ne sais toujours pas comment on peut produire un son avec un saxophone. Mais il y a à chaque concert de jazz un moment, toujours imprévisible, où je sais quelle sera la note suivante, sa forme, sa force, sa couleur, où j’entends à l’avance le phrasé de l’improvisation du soliste, un moment doux et poignant à la fois où la musique vient je ne sais trop comment ni pourquoi se nicher à l’intérieur de moi. Comme une vibration de liberté que le musicien offre en partage sans savoir si elle trouvera son chemin.
Et c’est cela que j’aime dans le jazz, ce risque permanent de la liberté, et cette incertitude.


Mes coups de cœur jazz du moment : le trompettiste Paolo Fresu, le tromboniste Phil Abraham.

Et ceux de toujours : Chet Baker (photo), Thelonious Monk.


Pour de belles photos de jazz, voyez Virtual Gallery, le site du photographe Jacky Lepage.